ZINNEMANN (F.)

ZINNEMANN (F.)
ZINNEMANN (F.)

ZINNEMANN FRED (1907-1997)

Cinéaste américain, né à Vienne (Autriche). Venu à Paris à vingt ans, il s’y initie au métier d’opérateur, et travaille alternativement en France et à Berlin comme assistant caméraman. Il collabore notamment avec Eugène Shuftan pour Les Hommes du dimanche (Menschen am Sonntag ). Émigré à Hollywood, d’abord comme acteur, puis comme assistant réalisateur, il fréquente les milieux libéraux et participe à la réalisation des films semi-documentaires du grand photographe Paul Strand, notamment The Wave (1934), commandé par le ministère mexicain de la Culture et Les Révoltés d’Alvarado . Puis il se spécialise pendant quelques années dans les courts métrages aux sujets fort divers, y acquérant une réputation de «technicien» sans faille, que vient récompenser un oscar (1938).

Ici commence ce qu’on pourrait appeler le «mystère» Zinnemann. Ses premiers longs métrages sont estimables, mais anonymes quant aux intentions et au style (Kid Glover Killer , 1942; Eyes in the Night , 1942; The Seventh Cross , 1944): il y dirige habilement des acteurs déjà rodés (Spencer Tracy) ou précocement «chevronnés» (Van Heflin). En 1950, C’étaient des hommes (The Men ) laisse espérer mieux: la psychologie est un peu affinée par la mise en scène. Mais de film en film commence à apparaître la volonté commerciale du cinéaste, qui saisit des sujets «audacieux» (ici les soldats restés traumatisés après la Seconde Guerre mondiale) puis les traite de manière à n’en suggérer que fort discrètement l’audace. Ce travail (qui implique au niveau de la réalisation plastique une neutralité tout au plus décorative) trouve son accomplissement avec Tant qu’il y aura des hommes (From Here to Eternity , 1953), dénonciation supposée du racisme et du militarisme exacerbé des troupes américaines qui, en pleine guerre de Corée (et compte tenu des positions antimaccarthystes connues, sinon affirmées, de Zinnemann), n’eût pas manqué d’intérêt si elle n’avait dérivé vers le feuilleton «féminin» le plus conventionnel. Pour ce pesant mélodrame dont on ne retiendra que quelques morceaux de bravoure (l’attaque aérienne), Zinnemann obtint l’oscar de la mise en scène, le prix de la Directors Guild et celui de la critique new-yorkaise! Auparavant, il avait rallié les suffrages des intellectuels européens avec Le train sifflera trois fois (High Noon , 1952), allégorie quelque peu emphatique et artificieusement réaliste quant à la durée de l’action, de la solitude du juste, que seul Gary Cooper maintenait au-dessus de la moyenne. La suite de la carrière de Zinnemann est encore plus déconcertante: une opérette filmée aussi platement que possible (Oklahoma! , 1956) mais qui fut un énorme succès commercial, puis une série de films sans intérêt qui n’ont même pas l’excuse d’être commerciaux en dépit de leurs dimensions «internationales»: Et vient le jour de la vengeance (Behold a Pale Horse , 1964) en est le plus typique exemple. Peut-être faut-il excepter de ce naufrage Une poignée de neige (A Hatful of Rain , 1957) qui contenait (à sa date) des notations justes sur le monde désespéré des drogués.

Le mélange de roublardise et de prétention du cinéaste, dont la position à Hollywood resta longtemps l’un des paradoxes de la cinéphilie, a fini par faire place à l’académisme pur et simple. C’est dans cet esprit qu’il a récolté un nouvel oscar pour Un homme pour l’éternité (A Man for all Seasons , 1966), estimable enluminure d’un thème passionnant (mais une fois de plus édulcoré). Après une quasi-retraite pendant laquelle il tourne Chacal en France (1972), Zinnemann a rappelé avec Julia (1977), sur un script autobiographique beaucoup trop lent de Lilian Hellman, qu’il savait diriger des actrices (Jane Fonda, Vanessa Redgrave). Film «voulu» par le cinéaste depuis des années, Cinq Jours de printemps-là (Five Days One Summer , 1982) ne modifie nullement cette impression: Zinnemann est un simple metteur en images de mélodrames prudents, ornés çà et là d’allusions à des «grands problèmes».

Encyclopédie Universelle. 2012.

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